FIN DU VOYAGE
Fin du voyage
Les portes à glissières s'ouvrent
La lumière inonde l'intérieur...
Le monde des ténèbres nous
engloutit.
Monde rongé
Boue et ordure.
Ici règne la peur
Le coeur bat fiévreusement
Les yeux cherchent les yeux
Nous le sentons
C’est la fin...
Ici règne le robot
À coups de fouet et de matraque
Exécuteur de sentences contre les
millions
De déportés de l'Europe occupée...
Un monde s'écroule.
Déshabillez-vous !
Jetez en tas ces derniers restes
d'un lointain passé !
Tête rasée !
Tatouages sur le bras !
Nous n'avons plus de nom
Nous sommes des numéros.
Où jetait-on des miettes aux
mouettes sur un canal ?
Où voyait-on des fleurs au rebord
des fenêtres ?
Brindilles sur l'eau...
GREET VAN AMSTEL
Greet VAN AMSTEL est peintre et sculpteur,
elle est connue comme militante antifasciste depuis les années 1930 et pendant
l'occupation de son pays, les Pays-Bas- Elle fut déportée à Auschwitz.
L'arrivée aux camps se traduit par la désillusion du lieu
trouvé, "Fin du voyage, Les portes à glissières s'ouvrent, la lumière
inonde l'intérieur…, Le monde des ténèbres nous engloutit." Ce monde
est insalubre, le vocabulaire de la
saleté, "Monde rongé, Boue et ordure." est très présent.
A la vue de ce monde répugnant,
l'appréhension s'empare des prisonniers qui se questionnent sur leur
avenir :"le coeur bat fiévreusement, les yeux cherchent les yeux,
Nous le sentons". Ils ont peur : "Ici règne la peur" et
pensent que la mort est proche
La découverte des personnes qui gardent le camp (les SS et
les soldats) suit logiquement l'arrivée aux camps. Ceux-ci y sont vus comme des
"machines" sans pitié "à coups de fouet et de matraque,
exécuteur de sentences contre les millions, de déportés de l'Europe occupée...,
Un monde s'écroule." Cette découverte choque les prisonniers qui ne
reconnaissent plus leur "monde" et pensent que celui-ci est mort
"Un monde s'écroule.".
Puis la violence des camps ébranle les prisonniers qui se
sentent traqués comme des
"bêtes" :"Jetez en tas ces derniers restes d'un lointain passé
! Tatouages sur le bras !, Nous n'avons plus de nom,
Nous sommes des numéros." L'auteur se remémore les phrases si souvent
prononcées par les SS "Déshabillez-vous!", "tête rasée!".
Ces phrases font partie du quotidien des prisonniers. Elles indiquent bien avec
quelle violence ils étaient traités et quelles humiliations ils subissaient.
Ils étaient dépouillés physiquement et perdaient ainsi toute personnalité. Sans
vêtements, sans cheveux, les Hommes ne sont plus que des "bêtes" sans
originalité. Et pour finir, c'est la nostalgie qui revient, les prisonniers se
questionnent sur des faits banals de la vie car pour eux ce "monde"
n'est plus ("Où jetait-on des miettes au mouettes sur un canal ? Où
voyait-on des fleurs au rebord des fenêtres ?") Ils pensent qu'ils n'ont plus aucune
"valeur, plus aucun poids, qu’ils doivent se laisser porter, guider par
leurs bourreaux, ils n’ont aucun moyen
de réagir. ("Brindilles sur l'eau...").
L'auteur a
été fortement marquée par les camps de concentration et accuse de tous ses
malheurs (principalement) les gardes du camp. Ce poème a été écrit après son
arrivée à Aushwitz, et elle décrit beaucoup les
sentiments qu'elle et les autres prisonniers ont pu ressentir aux camps à leur
arrivée. D'après ce poème, on comprend que les nazis ont réussi à faire croire
à leurs détenus qu'ils étaient des "Sous-hommes" ("Brindilles
sur l'eau…" ce qu'ils croient être). La "fin du voyage" pourrait
exprimer la fin de la vie, un lieu où la mort règne mais on remarque que
l'espoir est omniprésent, c'est la
dernière
chose qui permet aux prisonniers de
survivre...