Nom du livre : Dora Brüder
Nom de l’éditeur : Gallimard
Nombre de pages : 147
1-Résumé de
l’histoire
Alors qu’il lit de vieux journaux datant des années de guerre,
le narrateur est frappé par une annonce de recherche parue dans le Paris-Soir
du 15 décembre 1941, visant à retrouver une jeune fille juive ( d’origine
autrichienne ), Dora Brüder. Troublé il décide alors de tout mettre en œuvre
pour retrouver sa trace. Il mène réellement son enquête en 1996 et parvint, difficilement et après de longues
années de recherche, à retracer sa vie. Il n’hésite pas à chercher dans les
fichiers de la police, dans ceux de l’ancienne école de Dora …
Il nous explique donc pourquoi elle fugua à l’âge de quinze
ans, pourquoi elle fut placée dans un camp de redressement puis dans un camp de
déportation, pourquoi elle fut une des dernières à y être transportée …
Il nous montre aussi dans quelles conditions elle vécut, où
et quand mais ne peut la retrouver et
ignore si elle est encore vivante ou si elle fit partie de ces Juifs qui furent
exterminés durant cette horrible guerre.
2-Le projet
d’extermination nazie
·
Au cours de sa recherche, P.Modiano indique, de manière détournée, comment la
traque des Juifs s’est progressivement intensifiée en France occupée :
-
au début, ils étaient considérés comme de simples numéros de
dossier (pages 48 « Cela s’appelait le numéro de dossier juif » )
-
Le couvre-feu s’est installé (page 58 : « le couvre-feu
dans le XVIIe arrondissement dura trois jours. (…) les Allemands en ordonnèrent
un autre » puis le couvre-feu devient permanent
-
Les rafles se sont multipliées. Ernest Brüder, le père de
Dora semble avoir été arrêté et interné au camp de Drancy le 19 mars 1942.Cela
s’accompagna d’une amende de un milliards de francs imposés aux Juifs (le 15
décembre 1941 ) et
-
Le port de l’étoile jaune est devenu obligatoire à partir du
printemps 1942, « depuis le 7 juin, les Juifs étaient astreints au port de
l’étoile jaune ». Cette mesure concerna toute l’Europe occupée par les
Nazis. Le régime de Vichy protesta et refusa de l’appliquer dans la zone libre
sous son contrôle- la France libre- jusqu’à son invasion en novembre 1942.
-la
persécution de la police des questions juives devient de plus en plus présente
(pages 106, 107)
-tous ceux
qui sont solidaires aux Juifs ou qui s’opposent à la politique de la police
sont considérés comme eux (pages 118, 119, 120)
-il n’y a
plus de distinction entre les Juifs dits suspects
et non suspects
3-La vie dans les
camps
Dans le roman trois types de camps très différents sont
évoqués, .
·
Tout d’abord, le camp de redressement des Tourelles. Il
concerne tous les enfants fugueurs, juifs on non. Ce lieu rappelle au narrateur
l’ouvrage de Jean Genet, miracle de la
Rose. Lui aussi avait été enfermé là, en qualité de droit commun, peu de
temps après le départ de Dora Bruder. Parmi les femmes emprisonnées aux
Tourelles « se trouvaient celles que les Allemands appelaient « amies
des juifs » : une dizaine de Françaises « aryennes » qui
eurent le courage, en juin, le premier jour où les juifs devaient porter
l’étoile jaune, de la porter elles aussi en signe de solidarité, mais de
manière fantaisiste et insolente pour les autorités d’occupation »
(p.140). La vie était rude :
-au
niveau de l’hygiène : « tous les quinze jours, les douches où
l’on allait deux par deux accompagnées par les gendarmes »
-au niveau de l’alimentation :
« au déjeuner (…) on ne mangeait que du choux »
-au niveau du logement : « les
dortoirs de vingt personnes en contenaient désormais le double »
-au niveau des visites : « pour
les visites, il fallait écrire une lettre au directeur de la prison et l’on ne
savait pas s’il donnerai son autorisation », «souvent les visites étaient
supprimées, sans raison, et les détenues ne l’apprenaient qu’une heure à
l’avance »
·
Le camp de Drancy était l’antichambre de Auschwitz c’est-à-dire l’endroit de
regroupement et de triage des Juifs.
Après être restés aux Tourelles quelques temps, les Juifs étaient envoyés dans
ce camp de Drancy où ils partaient ensuite dans des camps d’extermination. Il
existe de nombreux témoignages, sur la dureté des conditions de vie
régnant dans cette cité de banlieue
formée de trois grands bâtiments formant la lettre U. Il y eut une trentaine de
décès dus à la famine lors des premières arrestations !
Photographie de propagande intitulée « La vie au camp
de Drancy en 1942 ».
·
Enfin, Auschwitz est la destination finale, où périrent, dès
leur arrivée tant de Juifs.
4-L’apport et
l’originalité de ce livre
Ce livre à été écrit pour prouver la difficulté de retracer
le destin de tant de déportés disparus sans laisser de trace ; et vite
oubliés si on ne fait pas l’effort d’entretenir leur mémoire. Ce récit permet
de remémorer aux lecteurs les horreurs qu’ont subies les Juifs durant la
seconde guerre mondiale.
La lecture est cependant rendue difficile par le mélange
constant des deux époques. L’évocation de la vie de Dora se mélange avec le
rappel de sa propre jeunesse dont une partie s’est déroulée sur les lieux même
où Dora a vécu. Cela explique le trouble, l’émotion ressentie par le narrateur,
mais alourdie quelque peu le roman.